Nechirvan Barzani au Forum MERI : pour une nouvelle ère de responsabilité, de dialogue et de stabilité en Irak et au Kurdistan
Lors de sa participation au panel intitulé « Façonner
l’avenir : visions de paix et de prospérité », le Président de la Région du
Kurdistan, Nechirvan Barzani, a livré une analyse des enjeux actuels en
Irak et dans la région, appelant à une gouvernance fondée sur la Constitution,
à des réformes profondes, et à un engagement renouvelé envers la stabilité
institutionnelle, le vivre-ensemble et le développement économique.
La Constitution comme socle de stabilité
Le Président Nechirvan Barzani a réaffirmé que l’unique
fondement juridique et politique commun aux Irakiens demeure la Constitution de
2005. Tout en reconnaissant la période transitoire prolongée que traverse le
pays, il a souligné que de nombreux articles essentiels — notamment ceux
relatifs à la répartition des ressources, à la gouvernance fédérale et aux
territoires contestés — restent inappliqués, alimentant ainsi des tensions
persistantes entre les différentes composantes nationales.
Pour le Président Nechirvan Barzani, la véritable stabilité
ne pourra être atteinte que par la mise en œuvre intégrale et sincère de ce
contrat national, dans un esprit de respect mutuel et de responsabilité
partagée.
Dynamique politique au Kurdistan : nécessité d’un
consensus renforcé
Abordant la situation politique interne dans la Région du
Kurdistan, le Président Nechirvan Barzani a exprimé son regret quant aux
retards dans la formation du gouvernement et à l’absence de fonctionnement
régulier du Parlement. Il a cependant salué l’amélioration notable des
relations entre les principales forces politiques, en particulier entre le
Parti Démocratique du Kurdistan (PDK) et l’Union Patriotique du Kurdistan
(UPK), soulignant que les deux formations assument ensemble la responsabilité
du présent et de l’avenir des institutions régionales.
Il a insisté sur l’impératif de bâtir un consensus kurde
solide et fonctionnel, capable de porter une voix unifiée à Bagdad et de
défendre les droits constitutionnels de la Région.
Jeunesse, emploi et réformes : répondre à une urgence
nationale
Le Président Nechirvan Barzani a évoqué les défis
économiques majeurs auxquels l’Irak est confronté, notamment la soutenabilité
de la masse salariale, qui s’élève à environ six milliards de dollars par mois.
Il a souligné que cette situation est intenable à moyen terme et appelle à des
réformes structurelles urgentes, en particulier le renforcement du secteur
privé, la modernisation du système bancaire, et la mise en place de cadres
juridiques incitatifs pour l’investissement.
Avec une population jeune en forte croissance — un million
de nouveaux citoyens chaque année —, il a insisté sur la nécessité d’offrir à
la jeunesse des opportunités économiques et politiques concrètes, à la hauteur
de ses aspirations.
Corruption, institutions et crédibilité de l’État
Reconnaissant la persistance de la corruption, le Président
Nechirvan Barzani a appelé à une approche pragmatique et progressive. Pour lui,
la lutte contre la corruption est indissociable de la construction
d’institutions fortes, impartiales et respectées. Il a souligné que la priorité
absolue, tant au Kurdistan qu’à l’échelle nationale, doit être la consolidation
de l’État de droit, sans lequel aucun programme de réforme ne pourra aboutir
durablement.
Sécurité nationale : les milices hors-la-loi comme menace
principale
Le Président Nechirvan Barzani a exprimé sa profonde
préoccupation face à la multiplication des attaques contre le Kurdistan,
notamment au moyen de drones armés, et a dénoncé l’impunité dont jouissent
certains groupes armés opérant en dehors du cadre légal. Il a rappelé que ces
actions ne menacent pas seulement la Région du Kurdistan, mais portent atteinte
à la souveraineté de l’ensemble de l’Irak.
Il a réitéré son appel à ce que toutes les forces armées
soient placées sans exception sous l’autorité directe du commandant en chef des
forces armées, c’est-à-dire le Premier ministre irakien, conformément à la
Constitution.
Relations régionales : équilibre, dialogue et respect
mutuel
Sur le plan régional, le Président Nechirvan Barzani a
insisté sur la nécessité de maintenir des relations de bon voisinage fondées
sur le respect mutuel, la non-ingérence et la coopération économique. Il a
salué l’évolution positive des relations avec la République islamique d’Iran,
rappelant que les deux parties ont su bâtir un partenariat économique
substantiel et un dialogue politique constructif.
Concernant la Turquie, il a confirmé l’engagement de la
Région du Kurdistan à préserver des liens étroits avec Ankara et a exprimé son
soutien au processus de paix engagé avec le PKK, tout en appelant ce dernier à
faire preuve de responsabilité et à ne pas hypothéquer les opportunités
historiques.
S’agissant de la Syrie, le Président Nechirvan Barzani a
plaidé pour une solution politique inclusive, rejetant le modèle centraliste au
profit d’une gouvernance décentralisée, seule à même de refléter la diversité
du tissu social syrien. Il a encouragé les forces kurdes à participer
activement au processus politique à Damas, tout en appelant à la fin de
l’ingérence du PKK dans la gestion des affaires locales.
Relations avec les États-Unis : un partenariat
stratégique pérenne
Le Président Nechirvan Barzani a réaffirmé la profondeur
historique et stratégique du partenariat entre le Kurdistan et les États-Unis,
en particulier dans la lutte contre Daech. Il a salué l’engagement américain en
faveur de la stabilité du Moyen-Orient, estimant que l’administration
américaine actuelle représente une opportunité pour consolider la paix,
renforcer la coopération économique et promouvoir les valeurs démocratiques.
Un appel à la responsabilité collective et à la
mobilisation démocratique
En conclusion, le Président Nechirvan Barzani a appelé
l’ensemble des citoyennes et citoyens du Kurdistan à participer activement aux
prochaines élections irakiennes, soulignant qu’il s’agit du scrutin le plus
déterminant depuis 2005. Il a invité l’ensemble des forces politiques kurdes à
dépasser leurs différends et à œuvrer dans un esprit de responsabilité
collective, au service de l’intérêt général et du progrès.
Il a exprimé l’espoir que cette étape marque le début d’une
nouvelle ère pour l’Irak : une ère de reconstruction, de réforme
institutionnelle et de résolution pacifique des différends.