La France et la Région du Kurdistan unies pour la valorisation du patrimoine archéologique
Le 16 octobre, le Consulat général de France à Erbil a
organisé une réception en l’honneur des missions archéologiques françaises
actives dans la Région du Kurdistan. L’événement, qui s’est tenu à l’Institut
français du Proche-Orient (IFPO) situé dans la Citadelle d’Erbil, a mis en
lumière la richesse du patrimoine historique de la région et l’importance que
revêt l’archéologie dans la coopération franco-kurde.
La diplomatie française, à travers ses représentations à
Bagdad et à Erbil, place l’archéologie au cœur de ses priorités dans la région.
Cette orientation s’inscrit dans une volonté de soutenir la recherche
scientifique et de favoriser les échanges académiques avec les institutions
locales. En 2024, la participation active des équipes archéologiques kurdes au
Congrès international sur l’archéologie du Proche-Orient ancien, qui s’est tenu
à Lyon, témoigne de cette dynamique de collaboration.
L’Institut français du Proche-Orient joue un rôle central
dans cette coopération. Il entretient des partenariats scientifiques étroits
avec plusieurs universités de la région, dont l’Université Salahaddin d’Erbil,
l’Université du Kurdistan-Hewlêr, l’Université de Soran, ainsi que les
départements d’archéologie de Duhok, Slemani et Erbil. Cette collaboration
s’appuie également sur les ressources documentaires de l’Institut, notamment sa
bibliothèque spécialisée et sa collection d’artefacts accessibles aux
chercheurs kurdes et internationaux.
Plusieurs missions archéologiques françaises sont
actuellement actives dans les gouvernorats de Slemani, Duhok et Erbil. La
Citadelle d’Erbil accueille par ailleurs la seule mission internationale
d’excavation présente sur ce site emblématique. Dès les premiers jours de
fouilles, des découvertes majeures ont été réalisées, contribuant à enrichir
les connaissances scientifiques sur l’histoire ancienne de la région.
La coopération entre la France et la Région du Kurdistan
s’inscrit également dans une volonté commune de valorisation du patrimoine
culturel. Des projets tels que la préservation du patrimoine multiconfessionnel
d’Amedi, menés conjointement par des experts français et kurdes, illustrent cet
engagement. Soutenus par le ministère français de l’Europe et des Affaires
étrangères ainsi que par l’alliance internationale pour la protection du
patrimoine dans les zones en conflit (Aliph), ces projets visent à assurer la
sauvegarde durable des sites historiques et à en favoriser l’accès au public.
Cette valorisation du patrimoine contribue également au
développement économique de la région. En promouvant les sites archéologiques
et les musées, la Région du Kurdistan renforce son attractivité touristique. Le
tourisme patrimonial représente ainsi un levier de croissance pour les
communautés locales.
Lors de la réception, le Gouverneur d’Erbil, Omed Khoshnaw,
a salué la coopération entre les équipes françaises et la Direction des
Antiquités et du Patrimoine d’Erbil. Il a souligné l’importance du soutien
continu du Gouvernement régional du Kurdistan aux projets culturels et
scientifiques destinés à préserver et promouvoir les trésors archéologiques de
la région.
Kayfi Mustafa, Directeur général des Antiquités de la Région
du Kurdistan, a pour sa part rappelé que les missions archéologiques
internationales ne peuvent opérer qu’avec l’appui officiel de leurs
représentations diplomatiques. Actuellement, 42 missions archéologiques sont
actives dans la région, soutenues par des pays tels que la France, l’Allemagne,
la Hongrie, la Pologne, le Royaume-Uni, les États-Unis ou encore le Japon. La
France appuie à elle seule plus de sept missions, toutes reconnues pour la qualité
de leurs travaux.
Parmi les sites d’importance, celui de Kunara, situé dans le
gouvernorat de Slemani et étudié depuis 2020, a livré des preuves
archéologiques précieuses sur les mouvements humains à travers les monts Zagros
à l’époque protohistorique. Ce site, associé à la civilisation Lullubi de l’âge
du Bronze, bénéficie du soutien du ministère français de l’Europe et des
Affaires étrangères.
La mission archéologique dirigée à Piramagroon, également en
cours depuis 2012, illustre l’ampleur et la profondeur des recherches en cours.
En dépit de la relative jeunesse de l’archéologie dans la Région du Kurdistan —
qui s’y développe depuis une quinzaine d’années seulement — les résultats
obtenus sont d’ores et déjà remarquables et prometteurs.
La coopération archéologique franco-kurde constitue ainsi un
pilier fondamental du dialogue culturel et scientifique entre la France et la
Région du Kurdistan. Elle contribue à la préservation de l’héritage historique
commun, au développement des connaissances scientifiques, ainsi qu’à l’essor
économique local à travers le tourisme culturel.